Le directeur artistique du Festival "Malhouniate", Mustapha Khalili, l’explique : "Ce qui fait que cet art perdure, c'est que de plus en plus de jeunes s'y intéressent, malgré l'envahissement massif de nouveaux courants musicaux". Pour Mohamed Rachek, chercheur en Malhoun, les jeunes pratiquent le Malhoun dans les conservatoires, l’intérêt académique s’est accru, des thèses et des recherches universitaires lui sont dédiées, on transcrit et on sauvegarde le répertoire. "A ce jour, souligne-t-il, quelque 5000 kassida ont été réunies en six volumes par l'Académie du Royaume sous la direction de Abbas Jirari. Doit-on rappeler que le "Malhoun" est une expression purement marocaine. Sa force réside dans les textes car il se base plus sur les paroles que sur la musique ? Cette musique traite de tous les aspects de la vie quotidienne de même qu’elle a joué un grand rôle au niveau de la résistance à l'occupant. Et généralement, ce sont les artisans qui s'adonnaient, il fut un temps, à cette musique mais, avec le progrès et les impératifs de la société moderne, le "Malhoun" est menacé de disparition et il a fallu déployer de grands efforts pour le sauver. Un autre passionné de Malhoun, en l'occurrence Noureddine Chemach, estime qu'outre sa beauté, "le Malhoun traduit et reflète la spécificité de l'identité de l'homme marocain, arabe, musulman, africain et ce, à travers les histoires, anecdotes, fables, légendes, et morale qu'il transmet. Cet art, précise-t-il encore, a toujours puisé dans la culture populaire et les dialectes de diverses régions, lesquelles ont rencontré une langue arabe et une esthétique soutenue, ceci en parfaite symbiose et proximité avec les traditions locales, la religion musulmane et en répondant par des thématiques aux soucis et aux aspirations du peuple". Fouad Guessous qui a aussi animé le débat, a relevé le volet politique du Malhoun." Les auteurs du Malhoun étaient des gens très en avance sur leur temps, on trouve dans leurs répertoires si anciens, des idées modernes tel que le droit de la femme à choisir son époux, institué dernièrement par la Moudawana".
Le Festival Malhouniate de Casablanca a donc su joindre l'utile à l'agréable et offrir un plateau où la musique et la culture ont été les vedettes de ce rendez-vous qui cadre très bien avec l'ambiance ramadanienne.